La fatigue de cette éprouvante journée parvient à me conduire jusqu'au sommeil.
Je me réveille en pleine nuit, avec un sentiment de tranquillité, mais tout me revient, non ce n'est pas un cauchemar mais bel et bien le réel que j'ai oublié pendant un court instant.
26 novembre 2003
Je me regarde dans le miroir et ne me reconnaît pas, mon regard surtout a changé, il est comme éteint. Je ne me sens plus humaine, une bête qui se traîne et se couche sur le flanc.
La jeune obstétricienne rentre dans ma chambre en ce début de matinée, mon désarroi est visible, je lui fais part de nos craintes et de nos doutes concernant les séquelles sur nos enfants, elle vient s'asseoir sur le bord du lit et me prend la main. Elle tient à me dire qu'elle n'est pas seule à prendre des décisions mais que tout le staff du service a débattu de mon cas ce matin, elle a déjà appellé l'hôpital en région parisienne et me presse de rencontrer le professeur, ils peuvent intervenir trés rapidement.
Cette main tendue, je vais la prendre et m'y appuyer.
Je me pose encore un millier de fois les mêmes questions. Mais je suis décidée, je vais tout tenter pour ne jamais avoir de regrets.
Cette décision prise, j'appelle mon mari pour lui en faire part, il va m'accompagner car le transfert va se faire en avion.
Agir, c'est reprendre (un peu) les rênes de ma vie, ils m'ont échappé depuis plusieurs semaines...
L'assistance sociale de l'hôpital vient dans ma chambre établir le dossier de prise en charge avec la demande préalable à la sécurité sociale, nous devrons faire l'avance des frais. Elle n'a pas l'habitude de faire ce genre de choses, mais y met beaucoup de bonne volonté, elle le portera elle-même dés ce soir dans la bôite aux lettres de la CPAM, pour gagner du temps. Elle va également réserver un taxi pour l'aéroport ainsi que les billets d'avion. Mon obstétricienne repasse et stipule qu'il me faut une chaise roulante pour circuler à l'intérieur des aéroports, elle me remet une épaisse enveloppe contenant les documents et les clichés qu'elle a effectué pour ses collègues parisiens. Si à l'aéroport on ne croit pas au terme de ma grossesse, ces papiers me serviront de justificatifs...
Je verrai quelques minutes à l'exterieur du service (car les enfants y sont interdits) mon petit garçon, je le serre dans mes bras mais il y a comme une petite distance entre nous, il est pâle et dissimule son inquiétude, nous expliquons que nous allons prendre l'avion, afin que les bébés dans mon ventre puissent être soignés. En quittant l'hôpital, mon mari s'arrêtera à l'aéroport pour qu'ensemble ils en regardent décollés et atterir quelques uns.
Le soir ma soeur me télephonera un bon moment, elle est trés dynamique et essaiera de me faire passer un peu de son énergie, elle trouve ma voix assourdie, essouflée et a du mal à m'entendre.
Je rappelle mon mari pour lui confirmer les horaires, j'embrasse le combiné.
J'ai rassemblé mes affaires, je suis prête.
C'est très poignant de te lire... Vous avez pris la décision que nous n'avons pas réussi à prendre en janvier dernier pour nos jumeaux... Trop de peurs, trop d'angoisse, de tristesse, et maintenant bcp de remords et de et si on l'avait fait? Si on avait décidé de pratiquer l'opération? Seraient ils là avec nous? En bonne santé ou pas? On ne le saura jamais mais c'est dur de vivre avec cette non décision!
Rédigé par : Nekote | 21.09.2006 à 22:01