Je suis en manque de mes bébés, les avoir vu mais sans pouvoir les prendre, les serrer contre moi, mon esprit et mon corps ne comprennent pas, une attitude de mamifère à qui l'on aurait pris ses petits et qui complétement désorienté, les cherche. Je me sens déroutée même si je sais où elles sont et indigène dans ce service. A quand une aile pour les femmes qui n'ont pas leur enfant avec elles ?
J'ai appellé la réa, rien de nouveau depuis la veille. Je pense à elles et m'inquiète pour Camille. Je ne peux m'empêcher de penser à tous les examens qu'elles doivent subir à présent. De tout mon coeur je souhaite qu'elles n'en souffrent pas trop.
Une nouvelle voisine de chambre est arrivée, avec son bébé à la suite, l'aprés-midi, une partie de sa famille est arrivée pour les fêter, le beau-père a débouché le champagne...elle attend encore du monde pour le week-end, je ne tiendrai pas...
Encore une fois, mon obstétricienne va "monter au créneau" et demander à la surveillante, une chambre avec une maman seule. Je m'excuse auprés de la jeune mère de ce départ, son mari est prés d'elle et de leur bébé, ils sont rayonnants, j'ai l'impression de nous revoir lorsque notre fils est né, je leur en fais part, ils me répondent par un sourire en me souhaitant bon courage. Le matin, je l'ai aidé à s'occuper de son garçon sur le plan à langer, jusqu'alors j'avais évité de le regarder, mais nos regards se sont croisés et mentalement je me suis excusé auprés de lui de mon attitude.
Le jour décline et l'heure de visite approche, je descends seule aujourd'hui, une sage-femme m'avait conseillé de me lever rapidement aprés la césarienne et de marcher, je profite des longs couloirs pour mettre ses astuces à exécution.
Une fois habillée en maman de prématuré, je vais à la rencontre de mes filles, Camille fait beaucoup d'apnées, en plus de son ventre qui creuse toujours. Le néonatologue vient me saluer et reste quelques instants, ma fille "oublie" une fois de plus de respirer...il s'entretient avec la puericultrice, je comprends qu'un traitement va lui être administré. Il s'agit du surfactant qui lui manque. Les jeunes pédiatres viennent me parler à leurs tours mais j'ai un peu du mal à suivre leurs explications, je suis dans l'émotion, celle d'être avec mes bébés, mais en manque d'intimité avec elles. On me conseille de leur laisser des petits doudous ou un mouchoir leur rappelant mon odeur. Le soir, je glisse les petites peluches que j'avais amené sous ma chemise.
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