Mars 2004
A Nice, le service manquant de places nous propose un transfert vers un hôpital plus proche de notre domicile avec lequel ils organisent régulièrement ce genre de rapprochement. Nous acceptons car nous savons qu'il s'agit de la dernière ligne droite avant la sortie, tout du moins pour Camille.
Le 10 mars début d'aprés-midi : Nouvel hôpital, nouveau service de néonatologie beaucoup plus petit, nouveau personnel, nous sommes chaleureusement accueilli, nos filles arrivent d'ici peu par ambulance avec une soignante qui les accompagne, c'est avec beaucoup d'émotion que nous les voyons franchir la porte de la néonat, le berceau et la couveuse sur un brancard spécial, conduite par l'ambulancier et la puericultrice qui ne les quittent pas des yeux. Elles sont installées ensemble dans une petite chambre rien que pour elles avec tout ce qu'il faut pour leur toilette. Camille n'a plus besoin de capteurs mais Elena garde encore tous ses branchements.
Quelques jours aprés, Camille a dépassé les 2 kg, prend bien son lait de jour comme de nuit et n'a aucun problème respiratoire ou autre, elle peut donc être sortante, cette nouvelle nous ravit mais nous fait presque peur, tout se passera-t-il bien à la maison ? cette angoisse nous traverse comme un éclair, nous essayons de la dépasser du mieux que nous pouvons. Chez nous tout est prêt, tout cela s'est fait trés vite, fébrilement, j'ai tout mis en place pour enfin accueillir mes bébés prêt de moi.
Le 16 mars, dans l'aprés-midi, nous venons chercher notre fille, il fait trés beau, il faut éviter qu'elle prenne froid, sortant d'un lieu où la chaleur est élevée et constante. Nous restons prés de sa soeur un bon moment, je lui explique que je viendrai la voir tous les jours et que nous avons hâte de la ramener elle aussi chez elle. C'est le coeur mitigé, gai mais gros de laisser Elena que nous partons avec notre bébé dans la nacelle, nous prenons mille précaution sur le chemin du retour. Mon mari ramène le grand frére de l'école, il est trés heureux. Je commence pour la première fois à m'occuper moi-même de ma fille avec beacoup de bonheur, mis à part le thermomètre que nous avons installé dans la chambre pour surveiller la température de la pièce, je retrouve les gestes de jeune maman comme pour un bébé né à terme avec le bain, la valse des biberons, les changes et les calins dans dans une vraie intimité cette fois ci...
Elle dort beaucoup et nous devons tenir compte de sa prématurité, c'est à dire des deux mois d'avance sur le terme, c'est un bébé trés facile, elle dort prés de nous dans la nacelle ou je lui ai fait deux boudins avec des langes pour la caler et pour lui rappeler le cocon sécurisant qu'elle connaît déjà, elle a l'air de se sentir bien chez elle en famille.
Je pars tous les aprés-midi voir Elena, le trajet est plus court et donc moins fatiguant. J'ai l'impressoin qu'elle s'est apperçue de l'absence de sa soeur, elle déménage littéralement tout dans la couveuse, vivement qu'elle soit dans un berceau ! Ici, il y a beaucoup moins de personnel et de mouvement qu'en néonat à Nice donc moins de soignante qui vienne la voir, les jours suivant, je la trouve tristounette même si elle est enfin sortie de la couveuse. Les biberons ont commencé mais elle ne prend pas encore bien, je suis de plus en plus impatiente de pouvoir l'emmener. On me propose de venir avec Camille pendant ces visites mais je ne tiens pas à la faire revenir dans un milieu hospitalier alors qu'elle vient juste d'en sortir...
Les jours passent et ma joie auprés de Camille est estompée par l'inquiètude. Elena ne me sourit plus lorsque je la prends dans mes bras, elle n'ouvre plus les yeux pour me regarder ni pour boire son lait, je la trouve toute molle comme si elle se laissait aller, je l'encourage de mon mieux, mais ses yeux restent clos. Trés vite j'en parle aux puericultrices qui ont remarqué la même chose, la pédiatre doit donner son avis, le lendemain matin. C'est un samedi, mes deux enfants sont avec leur père, je suis à l'hôpital prés d'Elena, l'équipe est d'accord pour que je la ramène même si elle est encore trés petite et que la prise des biberons n'est pas fameuse. Elle s'ennuie et se laisse aller, tout le monde pense qu'elle sera mieux parmi les siens. Elle n'a pas de problème de santé et respire bien, mais comme nombre de prématurés elle a deux hernies et l'on nous conseille de la faire opérer trés rapidement à Nice.
Le 26 mars 2004, je viens chercher ma seconde fille, je n'ai qu'une idée en tête, partir d'ici au plus tôt, non pas que les soignantes me soient antipathiques, elles sont étonnées de ma hâte a fourrer les bodys, pyjamas et peluches pêle-mêle dans un sac, alors qu'elle m'ont vu soigneusement ranger leur affaire quelques temps auparavant. Je ne peux expliquer rationnellement cet empressement, je sens qu'il est primordial de partir d'ici, c'est tout.
Je dis au revoir trés rapidement, et me voilà dehors avec mon Elena dans mes bras, qui rouvre ses yeux et semble toute étonnée de tant de tant de mouvement, emmitouflée dans une couverture . Je suis soulagée, c'est une victoire de la ramener à son tour chez elle !!!!
Mes doutes vont vite me rattrapper lorsque je la pose sur notre lit pour la changer, elle ne fait que 1 830 kg, elle me semble si petite...vais-je y arriver ?
J'ai installé Camille dans son lit, je pose Elena prés d'elle, dans la soirée, nous pourrons revoir un beau sourire sur son visage et l'attitude des derniers jours n'est jamais revenue...
Les journée et les nuits vont se succéder et il serait faux de dire que cela est facile, les nuits sont les moments les plus pénibles et les biberons se succédent à un rythme effrénés, la fatigue aidant, nous avons l'impression de ne faire que cela, des biberons encore des biberons, Elena a beaucoup de mal avec le lait, deux heures sont souvent nécessaires pour qu'elle se nourrisse, je finis parfois par m'endormir et elle aussi...
Début avril, je suis contactée par la pmi, une puericultrice peut venir me peser mes filles à domicile et les examiner, on me propose également une aide familiale afin de nous aider à la fois pour les enfants et le quotidien.
Elles ont pris du poids toutes les deux même si Camille conserve toujours une longueur d'avance. Notre aide familiale est trés dynamique et agréable, dés qu'elle arrive, je pars dormir quelques heures, elle s'occuppe des bébés, me fait des tâches ménagères qui m'allège de façon conséquente, dans ces moments là, on apprécie énormément une lessive étendue ou la table mise...
Enfin le jour de l'opération arrive et j'accompagne ma petite Elena au bloc, c'est une opération banale mais vu sa petite taille et son âge, elle devra être surveillée en réanimation une journée ou deux. J'ai confiance dans ces lieux et ces médecins. C'est un peu le retour à la case départ puisqu'il s'agit du même lieu qui l'a accueilli à sa naissance, c'est un peu dur à vivre mais nécessaire. Elle sortira quelque jours plus tard du service de chirurgie infantile et la même hâte de l'emmener m'animera...
quelle leçon de courage et bravo pour ce témoignage. Je suis tous les jours dans l'attente d'un nouvel épisode.
Malgré l'angoisse que vous avez vécu, cela m'aide à faire pousser mes loulous dans mon ventre le plus longtemps possible et puis je me dis que malgré tout dans la région il y a des équipes très compétentes. Je serai transférée à Nice si je dois accoucher avant 32 semaines et votre témoignage me confirme la qualité de ce service.
Merci pour cette lueur d'espoir pour les parents en attente de juju et toujours dans l'angoisse d'une arrivée plus tôt que prévue.
Encore merci
Béatrice
Rédigé par : Hoyon | 11.12.2006 à 17:39