12 février 2004
Ma nouvelle voisine ne parle pas un mot de français et pousse de profonds soupirs, elle est arrivée césarisée et souffrante, elle est sous antibiotiques. Nous échangeons de pauvres sourires lorsque nos regards se croisent, nous n'avons pas besoin de traducteur pour deviner nos tracas.
L'heure de visite se rapproche, mon mari me rejoint, je me rends compte qu'il ne reconnaît pas Camille, d'Elena, prenant la première pour la seconde. Comme tous les nouveaux nés, elles ont perdu du poids, Elena est passée sous la barre des 1kg. Il n'arrive pas a réaliser qu'il s'agit de Camille, s'approchant de sa seconde fille, je sens qu'il est mal. C'est dur de voir un bébé déjà minuscule perdre du poids et ce, malgré les explications rationnelles que l'on nous donne. Mais nous n'écoutons pas ou peu. Camille va beaucoup mieux, le traitement lui a été trés profitable, c'est déjà beaucoup. Nous parlons à nos petites filles et caressons leurs joues, je leur donne leurs petits doudous. Une grosse boule nous entrave cependant la gorge, nous faisons bonne figure devant le personnel, en sortant également mais devant les ascenseurs et face aux distributeurs à café, nous nous écroulons dans les bras l'un de l'autre, en pleurs. L'endroit est désert à cette heure, nos esprits restent empreints des images de leurs petits corps amaigris et moins toniques.
13 février 2004
J'ai trés mal dormi, des cauchemars épouvantables ont accompagné mon sommeil. Je patiente un peu avant de donner un appel en réa, la puéricultrice sent que je ne vais pas bien et me propose de descendre en fin de matinée, elle me raconte que lors de ces débuts professionnels, ces si petits enfants l'impressionnaient beaucoup, cet échange, m'apaise un peu. J'arrive a me lever sans trop grimacer, la sage-femme me voyant habillée en "civile" me questionne sur une sortie future. Sortir enfin de l'hôpital...évidemment c'est motivant bien que culpabillisant puisque je serai encore plus éloignée géographiquement de mes filles. J'ai hâte de repirer l'air exterieur, je vais demander l'accord de sortie à mon osbtétricienne puisque cela ne paraît pas incongru à la sage-femme. Lors de sa visite, elle me donne son accord pour signer mon bon de sortie pour le lendemain. Je me sens mieux, retrouver mon petit garçon et la vie "normale", quels luxes ! ces sensations s'accompagnent d'un pincement au coeur, mais je viendrai tous les jours voir mes filles, surement avec un meilleur moral. Une bonne nouvelle m'attend en réanimation néonatale, leur courbe de poids remonte, je reprends courage.
Le soir, mon médecin en tenue de ville, vient me dire au-revoir, les papiers sont prêts, l'interne m'enlèvera les fils, je dois faire une prise de sang chaque semaine pendant un mois, le temps que les résultats de mon foie redeviennent normaux. Nous reparlons de cette grossesse depuis le premier jour jusquà aujourd'hui, je la remercie pour tout, elle a été bien plus importante que ce qu'elle croit, jamais je ne l'oublierai. Elle me donne rendez-vous en avril pour la visite post-accouchement. La voilà partie. C'est ma dernière nuit à l'hôpital.
14 février 2004
Encore une étape de franchie, je quitte la maternité. Ce matin, ma voisine me regardait m'activer, lorsque je lui ai dit au-revoir et bonne chance, ses yeux souriaient.
Mon compagnon est en avance, l'interne me reçoit et quelques minutes aprés nous voilà prés de nos filles. Ce matin, elles sont réunies dans la même couveuse, elles sont bien réveillées et les grammes continuent d'augmenter et...elles n'ont plus de masques ! nous voyons bien leurs visages à présent, elles respirent toutes seules...
La puericultrice les a pris en photos et me les remet, nous reviendrons demain. Ces images sont précieuses, je les poserai dés mon arrivée sur ma table de chevet.
Mon fils est tout à sa joie de me retrouver enfin à la maison, il sera peut-être autorisé à voir ses soeurs les jours prochains.
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