9 février 2004
"Naître c'est quitter son abri,
c'est essuyer le vent de face
et porter le soleil sur son dos."
Jean Debruynne
Ce matin, je regarde une dernière fois mon ventre face au miroir de la salle de bain. Ma grossesse va se terminer dans quelques heures. Le navire arrive enfin à bon port aprés des semaines tumultueuses, nous voici bientôt à quelques encablures de l'arrivée, nous avons reussi à maintenir le cap. Enfin la rencontre tant espérée va avoir lieu mais je le sais, elle sera brève et nous devrons trés vite nous séparer, pour combien de temps ?
J'explique tout cela à mes bébés, à elles de grandir hors de moi et à elles de s'accrocher à la vie pour aborder ce nouveau virage. J'ai une grande confiance en elles, ne m'ont-elles pas prouvé leur force jusqu'à présent ?
La matinée passe trés vite, mon sac est prêt pour le transfert à la maternité, j'essaie de ne pas penser à "l'aprés", seulement me préparer à ces naissances...
Mon mari m'a rejoint et nous attendons que l'on vienne nous chercher. Vers onze heures, deux aides soignantes nous accompagnent en salle de naissance, avant d'entrer, mon mari doit s'équiper, blouse, sur-chaussures, charlotte, je suis tendue mais gaie, leur naissance est une victoire même si elle survient plus tôt que prévue.
Une sage femme me pose la perfusion et une sonde, le temps est comme suspendu. Enfin je pars allongée vers le bloc, dernière angoisse lorsque je quitte mon compagnon resté dans le couloir. J'ai peur. Les infirmières me rassurent, je passe par un petit sas où deux jeunes femmes pédiatres et des puericultrices attendent mes bébés, puis j'entre dans le bloc opératoire, j'ai trés froid, on me recouvre d'une couverture chauffante, tout va trés vite, l'anésthésiste me demande de m'asseoir pour la péridurale, quelques secondes aprés j'étouffe et je me sens partir, puis le décontractant faisant effet, je m'apaise, j'entends la voix de l'anesthésiste "elle est bien maintenant". Je plane un peu, une infirmière me ramène à la réalité et me demande les prénoms des bébés, pour les inscrire sur les petits bracelets de cheville et leur position dans mon ventre. Elle rajoutera J1 et J2 pour l'ordre d'arrivée.
Mon obstétricienne arrive à son tour, accompagnée d'un interne qui l'assiste. Comme toujours, je la sens sûre et déterminée dans ses gestes. Je ressens juste qu'elle va chercher le premier bébé du côté gauche, aucune douleur, mais un effet particulier. L'impression bizarre d'être un sac où l'on irait chercher, en farfouillant, ses clés restées dans le fond. Je l'entends dire "oh, oh!" , Camille vient de naître, on me l'approche prés du visage pour que je la voie, on dirait une petite marmotte, bébé miniature avec déjà des petites joues arrondies, et plein de cheveux, juste le temps de l'embrasser et l'infirmère l'emmène vers le sas, et puis j'entends un cri de chaton, son premier cri, celui de la vie, je suis heureuse et boulversée, mais oui bien sûr elle crie...
Deux minutes plus tard, Elena naît à son tour, elle me paraît minuscule, ses joues sont plus creuses et son visage plus allongé que celui de sa soeur, elle a déjà des cheveux aussi, on me la montre encore moins longtemps, j'entends juste son petit cri, trés élevè dans les aigus...
A 31 semaines + 6 jours, mes filles viennent de naître. Je les ai juste aperçu quelques secondes mais je m'y étais préparé. J'essaie de me rappeler leurs visages et leurs petits cris...
Chère Madame,
comme je suis émue de vous lire.
J'espère que tout votre petit monde se porte bien, que vos enfants poussent et que vous et votre mari êtes heureux, apaisés et encore plus soudés après ces épreuves...
merci pour votre témoignage
Rédigé par : marie | 16.04.2007 à 15:59
que de souvenirs!a 32sa+3 mes puces sont nées par cesarienne aussi,j'ai l'impression que ce recit et ses emotions sont les miens...merci!et bonne route a ces pitchounes
Rédigé par : aurore | 06.11.2006 à 20:28