"Ce sont des filles" nous annonce-t-il, des filles....
Je suis heureuse et malheureuse en même temps, mon mari est tout décontenancé, il s'asseoit.
Il n'emploie qu'une seule fois le terme "filles". Le Transfusé pése 400g et le transfuseur 200g...
200g...j'ai une fois de plus le vertige, va-t-elle pouvoir vivre ?
"Elles se battent bien" rajoute-t-il. Alors l'espoir, fou, revient et je lui demande : "Vous allez pouvoir me les sauver?" je crois qu'il a compris ce qui vient de me traverser, il me ramène vite à la réalité : 85% de chance de sauver un foetus, 50% d'en sauver deux et...ma mémoire à zappé le dernier pourcentage celui où les foetus meurent pendant l'opération ou quelques heures plus tard, aprés des contractions.
"Nous ne pouvons pas vous laisser comme cela" rajoute-t-il. Oui, de nouveau le réel...
Il m'attend dans moins de deux heures au bloc opératoire.
Nous retournons dans la chambre, je préviens ma mère que nous sommes arrivés et lui annonce que ce sont des filles, je suis en pleurs, je ne veux pas les perdre. Connaître le sexe de ces enfants, c'est leur redonner une consistance, alors que je n'arrivais plus à les envisager. Je me prépare pour le bloc, douche à la bétadine. On me pose une perfusion, avec un médicament trés puissant contre les contractions qui peuvent survenir suite au geste chirurgical, et pour finir un cachet pour me décontracter. J'ai enfilé la blouse et mis la charlotte sur ma tête, je pose mes mains sur mon ventre, je leur dit que je les aime, que je veux qu'elles vivent.
Mon mari m'attendra dans le couloir, il me prend la main, le brancardier m'emmène à travers les couloirs, à tout à l'heure...
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